Bodhidharma et le temple de Shaolin
Les paroles pleines de sagesse de Bodhidharma
Prajñātara offrit une pierre précieuse de grande valeur à son père Suganchas, roi de Kanchipuram (aujourd'hui devenue l'une des sept villes saintes d'Inde). Pour évaluer la compréhension de plusieurs enfants, il leur demanda leur opinion sur la pierre. Logiquement, ils répondirent tous que la pierre était merveilleuse, à l'exception d'un, qui indiqua :
"cette pierre n’a pas de grande valeur car finalement la seule chose qui ait de la valeur c’est l’esprit, c’est l’esprit qui est capable de comprendre la valeur de l’existence, la valeur des choses, la valeur des êtres, la pierre en elle-même ne vaut rien sans l’esprit, c’est l’esprit qui est important".
L'enfant n'était autre que Bodhidharma. Sentant un potentiel de sagesse énorme, Prajñātara le prit comme disciple.
La légende
En 480 ou 520, un moine nommé Bodhidharma quitta l’Inde pour s’installer dans le temple de Shaolin dans le Nord de la Chine.
Ce monastère "de la petite forêt" situé à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Deng Feng, avait été créé au premier siècle de notre ère par un certain Batuo, nommé le "Premier Ancêtre" et consacré en 496 par l’Empereur Xiaowen des Wei du nord qui lui décerna le titre de "Premier Monastère sous le Ciel". Il s’agissait donc d’un monastère déjà très connu avant l’arrivée de Bodhidharma.
Durant neuf ans et devant un mur, Bodhidharma décida de se livrer à la méditation bouddhique.
Cependant, au bout de trois ans de veille, le Prince Bodhidharma se laissa aller au sommeil et rêva des femmes qu'il avait jadis aimées. À son réveil, furieux de sa faiblesse, il s'arracha les paupières et les enterra. Quelque temps plus tard, il observa que les paupières avaient poussé, donnant naissance à un buisson qu'il n'avait jamais vu auparavant ; il en grignota les feuilles, et s'aperçut qu'elles avaient la propriété de tenir les yeux ouverts. Ses disciples chinois récoltèrent les graines ; ainsi commença la culture du thé. Cette découverte lui permit de prolonger sa méditation six longues années. Ce faisant il se mit à comprendre le langage des fourmis et découvrit la vérité.
La légende, toujours elle, affirme que ces bonzes, faméliques parce que mal nourris, ne pouvaient supporter l’immobilité que leur imposait la méditation. Bodhidharma se souvint alors de diverses formes gymniques, plus ou moins guerrières, qu’il avait étudiées pendant son jeune âge sous la direction de son père. Ce dernier était, en effet, en plus de sa fonction de roi, un haut initié de la caste des Ksattriyâs et connaissait donc l’art du combat, proche de ce qui est, actuellement en Inde, le Kalaripayat. Il mit donc au point une méthode connue sous le nom évocateur de « Nettoyage des muscles et des tendons, purification de la moelle et des sinus »..., le « Yi jing king yi sui jing ».
Cette méthode mi-gymnique, mi-martiale fit couler beaucoup d’encre puisqu’elle fut considérée par certains comme étant à l’origine même des diverses pratiques martiales réputées du Monastère de la Petite Forêt... donc de la plupart des arts martiaux chinois et, ce faisant des origines profondes des arts martiaux japonais (Bujutsu et Budo).
L’enseignement de ces techniques a été et est toujours secret. Sa diffusion a été possible lors de l’invasion du temple Shaolin qui a forcé les moines à fuir dans toute la Chine et donc à diffuser ces techniques. De nos jours, beaucoup de styles se disent toujours d’inspiration de Shaolin.
Bodhidharma serait le 28e descendant de Bouddha et le fondateur du Chan (zen en Japonais), bouddhisme influencé par le taoïsme et le plus répandu en Chine, enrichi par la culture coréenne avant d'arriver enfin au Japon. Il diffusa son bouddhisme dans toute la Chine.
La naissance des arts martiaux s'est faite dans une période d'échanges constants avec la Chine, il y avait mélange permanent d'exercices physiques, de récits mythiques et de philosophie.