Le Karaté-Dō

Gichin Funakoshi Senseï (1868-1957)
Gichin Funakoshi Senseï (1868-1957)

"Le karate-dō est un art noble.
Ceux qui s'enorgueillissent d'êtres capables de casser des planches et de briser des briques, ou qui affirment êtres capables d'arracher des morceaux de chair à leurs adversaires, ne connaissent absolument rien au karaté. Ils jouent dans les branches et le feuillage d'un grand arbre sans avoir la moindre idée de ce que recèle le tronc."

Gichin Funakoshi Senseï, Fondateur du Karaté moderne


Le karaté (karate-dō) est un art martial dit japonais. Cependant, l'origine moderne est okinawaïenne (l'île principale de l'archipel des Ryūkyū), qui a longtemps constitué un royaume indépendant du Japon. Le karaté a été développé et perfectionné à Okinawa. Les plus grands experts de la fin du XIXe siècle et du début du XXe sont tous originaires d’Okinawa.

 

En japonais, le kanji* "kara" signifie le vide, la vacuité, "te" est la technique et, par extension, la main avec laquelle on la réalise. "dō" signifiant "voie", karate-dō peut être traduit par " la voie de la main vide".

Il n’y a pas de trace écrite de la transmission de ces techniques vers Okinawa qui est le berceau du karaté tel qu'il est pratiqué aujourd’hui. Mais ce dont on est sûr c’est que ces techniques ont été importées en grande partie de Chine, la culture d'Okinawa étant encore plus sinisée que la culture japonaise. Les Okinawaïens avaient aussi des techniques martiales qui leur étaient propres, comme la rotation axiale du poing dans les coups de poing et les blocages.

Sho Hashi
Sho Hashi

En 1409, le roi Sho Hashi unifie les territoires d’Okinawa et interdit la possession et l’usage des armes par crainte des révoltes populaires. Deux cents ans plus tard, soit en 1609, après l'invasion de l'île par le clan Satsuma, les armes sont encore confisquées par le nouveau gouvernement, japonais cette fois. Cette interdiction contraint les habitants à développer un mode de combat afin de pouvoir repousser les envahisseurs à mains nues.

Pour ces raisons, les habitants d’Okinawa ont adapté les méthodes de combat chinoises reprises sous le nom de Okinawa-Te, (nom donné au "Tō-de" à partir de la 2e moitié du XIXe siècle, en réaction à la domination japonaise) en développant des techniques de combat à mains nues.

 

Au début du XXe siècle, la prononciation okinawaïenne du mot Tō-de a été remplacée par la prononciation japonaise "Karaté", littéralement "main de Chine", sans changer l'écriture.

Réunion du 15 octobre 1936
Réunion du 15 octobre 1936

En 1936, les "Grands Maîtres" d'Okinawa ont organisé une "assemblée générale" pour décider de la politique à adopter pour favoriser le développement de leur art et en faciliter la reconnaissance et la diffusion au Japon. C'est lors de cette réunion que, à cause de la montée du nationalisme japonais et surtout de l'antagonisme sino- japonais du fait de la guerre récente entre les deux pays, perdue par le Japon, mais aussi pour montrer leur "japonisation", qu'ils ont décidé de modifier les idéogrammes "main de Chine" qui étaient prononcés Tō-de en okinawaïen et Karaté en japonais par les idéogrammes "main vide" dans le sens bouddhique de vacuité, prononcés également Karaté.

Kata**
Kata**

Le Maître Gichin Funakoshi est considéré, au Japon, comme le fondateur du karaté moderne. Il fut l'un des premiers à promouvoir cet art martial et fut choisi afin de représenter le karaté-do lors de la première démonstration nationale d'athlétisme à Tokyo en 1922, sur invitation de Jigorō Kanō, fondateur du judo. Il restera au Japon pour enseigner le Karaté. C'est son fils Yoshitaka qui fut à l'origine du style tel qu'on le connaît désormais. Ce style est considéré comme l'un des plus puissants; les coups de poings sont directs, les coups de pieds bas et les katas sont longs.

 

Le père du Karaté moderne s'éteint le 26 Avril 1957 à Tokyo, à l'âge de 88 ans. En dépit d'un contexte défavorable, il fut l'artisan du développement, de la préservation et de la diffusion de l'art d'Okinawa au Japon. Grâce à sa clairvoyance et à des années d'efforts, cet art "prohibé" qui aurait pu disparaître a connu un tel succès à travers le monde qu'aujourd'hui, il ne peut tomber dans l'oubli.

*Les kanjis sont les caractères chinois empruntés à l'ethnie chinoise et utilisés en langue japonaise. Les kanjis contiennent également une très petite proportion de caractères créés au Japon, appelés kokuji.


**Le kata est un enchaînement codifié et structuré de techniques, représentant un combat virtuel contre plusieurs assaillants quasi simultanés, ayant pour but la formation du corps, l'acquisition d'automatismes ainsi que la transmission de techniques secrètes. Le kata dépasse l'aspect purement technique en permettant au pratiquant, par de très nombreuses répétitions, de tendre vers la perfection du geste et surtout de faire l'expérience de l'esprit.