Le Kendō
A l’inverse de beaucoup d’autres arts martiaux japonais, le Kendō ne doit pas ses formes techniques actuelles à une seule personne, mais à l’expérience collective et à l’habileté de beaucoup.
Le Kendō, (littéralement la voie du sabre) est la version moderne du kenjutsu (techniques du sabre), l'escrime au sabre pratiquée par les samouraïs.
Le Kendō ne se résume toutefois pas à un simple ensemble de techniques et de tactiques du combat au sabre, il est aussi considéré comme une discipline spirituelle et permet de développer la force de caractère et la détermination.
XVIe siècle -> XVIIIe siècle
Avant l’établissement du gouvernement Tokugawa, il y avait des milliers de ryu (au sens large : école, éthique, spirituelle), mais très peu préparaient à l’éventualité du combat véritable.
L’utilisation d’exercices formels nommés "katas" pratiqués au sabre ou au bokken, constituait alors la méthode centrale d’entraînement. Le combat à mort représentait l’ultime test pour le sabreur
désireux, ou contraint, de mesurer son habileté.
Pendant les siècles relativement paisibles de l’époque Tokugawa ( Edo 1603 - 1867 ), le combat sur champs de bataille fut révolu, ainsi que le duel privé avec lame véritable, décrété illégal, sauf autorisation spéciale du gouvernement. Même le taryu jiaï (engagement entre escrimeurs de ryu différents au bokken), fut finalement interdit, quand il apparut évident que ces affrontements se soldaient toujours par de sérieuses blessures et parfois même par la mort.
Le shinaï
Une autre possibilité existait, l’utilisation du shinaï, composé de quatre lames de bambous tenues entre elles par une poignée, un embout et une lanière de cuir. Un fil (tsuru) tendu sur une des
lames, matérialise le dos du sabre.
Le shinaï est inventé dans la deuxième moitié du XVIe siècle. La plus ancienne utilisation du shinaï est attribuée traditionnellement à Hikida Bungoro (1537-1606), fondateur du
Kikida Ryu. Mais Kamiizumi Ise No Kami (1508-1578), fondateur du Shinkage Kage Ryu, et Yamada Heizaemon (?‐1578), fondateur du Jikishin Kage Ryu, utilisaient également le shinaï dans leurs
méthodes d’entraînement.
L’utilisation du shinaï se popularisa, avec l’apparition des différentes pièces de l’équipement protecteur. Bien qu'il s'agisse d'une arme en bois, les Japonais ont été soucieux de reproduire les conditions réelles du combat au sabre. Grâce aux protections, les attaques et frappes pouvaient être portées réellement. Les frappes furent limitées à quatre attaques qui seraient mortelles en combat réel. L'attaque devait aussi respecter la règle du kikentai, c 'est-à-dire l'harmonie du corps, du sabre et de l'esprit, matérialisée à chaque assaut par le déplacement du corps, le fait d'atteindre l'adversaire avec le premier tiers de la lame (la partie coupante dans un sabre japonais) à l'un des quatre endroits prévus, et le cri qui exprime l'énergie du combattant.
Les attaques : au front (men), à la main droite (kote), au flanc (do), estoc dans la gorge ou la poitrine (tsuki)
Les protections : un casque (men) de tissu épais et grillagé, des gants renforcés (kote), une cuirasse de bambou (do), un plastron destiné à couvrir les hanches et le bas-ventre
(tare). Ces pièces sont nouées sur une veste de toile (gi) et le pantalon traditionnel (hakama).
Le terme de " Kendō " est employé pour la première fois vers 1668 par Abe Gorodayu, fondateur de l’Abe Ryu, et aussi à peu près à la même époque par Yamanushi Renshinsai, fondateur du Heigo Muteki ryu (1670). De nombreuses personnes n’appartenant pas à la catégorie classique des guerriers, s’engagèrent dans la pratique du Kendō.
XIXe siècle
Un mouvement d’opposition, soutenu par nombre d’ experts, prétendait que mettre l’accent sur un entraînement visant à gagner des points en Shiaï (combat arbitré de type sportif), détruisait la
véritable finalité du Kendō classique. Ces critiques étaient tenues par une minorité d’escrimeurs très avancés et dépositaires du style classique. A l’époque Meiji (1868 - 1912), les conditions
sociales devinrent telles que la culture occidentale prit le pas sur la culture traditionnelle. les arts perdirent la faveur du public. Leur maintien fut néanmoins assuré par différents groupes
largement composés de résistants aux réformes Meiji. L’interdiction gouvernementale de porter les sabres ( 1876 ) ne put les contraindre à abandonner leurs pratiques martiales.
Finalement, c’est le gouvernement qui contribua au maintien de cet héritage culturel sous l’influence de personnes réalisant sa valeur comme fondement et support de l’esprit national japonais.
Ainsi des démonstrations itinérantes furent autorisées et relancèrent l’intérêt du grand public.
En 1895, la fondation du Daï Nippon Butokukaï. (association pour le maintien des vertus martiales japonaises), et la construction en 1899 du Butokuden (centre pour la pratique des vertus
martiales), contribuèrent à perpétuer les arts martiaux classiques et particulièrement le Kendō. Le Butokuden construit à côté du temple Heïan à Kyoto, devint le quartier général et le lieu
d’entraînement central du Butokukaï.
XXe siècle
En 1906, la section Kendō du Butokukaï réunit une commission technique en vue de la création d’un Kata standard résumant la base technique des principaux courants. La commission composée de 23 experts travailla sous la direction de 5 maîtres : Naîto TAKAHARO et Monna SEI, du Hokushin Itto Ryu . Negishi SHINGORO, du Shindo Musen Ryu. Tsuji SHIMPEI, du Jiki Shin Kage Ryu et Takano SASABURO, du Ono Ha itto ryu.
Dates clés
- En 1911, le Daï Nippon Butokukaï Semmon Gakko (école spécialisée en arts martiaux) permit aux experts l’enseignement de la pratique des disciplines classiques ou modernes. Dans
la même année, l’action du Butokukaï fut renforcée par une décision du gouvernement rendant le Judo et le Kendō obligatoires dans tous les collèges du Japon.
- 1941, le Kendō devient obligatoire dans les écoles primaires.
- 1945, après la défaite japonaise, les forces alliées éliminèrent le potentiel guerrier du Japon en supprimant toutes les institutions considérées comme véhicule du militarisme.
Le Butokukaï et les association similaires furent dissoutes.
- 1952, le Butokukaï fut rouvert.